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Borat de Mister Baron Cohen

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On est allé voir Borat, le film de Cohen dont-tout-le-monde-parle-actuellement. La première impression que je pourrais livrer est que j’ai rarement autant ri de ma vie ; tellement ri que je suis sorti de la salle presque écœuré. Il règne dans ce film un double vent de folie et de liberté ; de folie en raison de la caricature poussée à l’extrême du pauvre journaliste originaire du Kazakhstan, et de liberté parce que de nombreuses scènes, parmi les plus drôles, ont été tournées à l’insu des acteurs eux-mêmes, ce qui occasionne une polémique chaque jour croissante[1].  

Cette liberté de ton et de parole tourne en dérision nos inhibitions les plus grotesques, le politiquement correct langagier, jusqu’à un point certainement inenvisageable en France. La technique est éprouvée depuis Montesquieu (et même peut-être depuis bien plus longtemps) ; le regard extérieur révèle les travers d’une société, sans que pour autant l’observateur ne soit épargné. Chaque être est plongé, par un jeu de regard, dans l’absurdité et le ridicule de sa propre situation. Certes, le bon goût est pleinement absent de ce film, le scénario quasiment inexistant (le journaliste traverse les Etats-Unis d’Est en Ouest pour épouser Pamela Anderson en Californie), et le doublage français des personnages secondaires un peu poussif. Mais on rit de la première à la dernière seconde de ce film, on s’étonne même parfois de ce curieux renversement des choses, de cet homme sans manières venu étudier presque en anthropologue la société américaine, tant nous sommes habitués à nos anthropologues occidentaux découvrant des peuplades étranges. Les rôles, ici, se renversent, le « sauvage » se fait scientifique, le « civilisé » devient curiosité de bocal.

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 J’avoue que je ne sais pas si ce film a une finalité autre que de faire rire, d’un rire gras, lourd, tantôt outré, tantôt incontrôlable. Quoi qu’il en soit, il y parvient fort bien, et c’est déjà énorme.



[1] NEW YORK (AP) – Payé pour donner un cours sur l’humour américain à un journaliste étranger complètement déjanté, Pat Haggerty a vite réalisé que quelque chose ne tournait pas rond. M. Haggerty, un entraîneur en art oratoire de Washington, est l’une des vedettes involontaires d’un film qui connaît un énorme succès: « Borat: Cultural Learnings of America for Make Benefit of Glorious Nation of Kazakhstan ». M. Haggerty n’en veut pas à Borat, ou plutôt au comédien qui l’incarne, Sacha Baron Cohen, mais on ne peut pas en dire autant de ses covedettes qui ont été humiliées après avoir accepté d’être filmées avec le drôle de type à l’épaisse moustache. Leur embarras est d’autant plus vif que le film, mélange hilarant et grinçant de fiction et de comédie improvisée, est celui qui domine le palmarès depuis deux semaines aux Etats-Unis, où il a récolté des recettes de 67,8 millions $. L’an dernier, après avoir accepté d’être filmé pour ce qu’il croyait être un documentaire sur les pérégrinations de son client aux Etats-Unis, M. Haggerty a signé une décharge, été payé 400 $, et la « leçon » a commencé. Alors que les caméras tournaient, son client a raconté des histoires osées en mauvais anglais et s’est moqué copieusement des personnes handicapées. C’est à ce moment que M. Haggerty a eu la puce à l’oreille, a-t-il confié. Confus, il a décidé de jouer le jeu, pour comprendre, un peu plus tard, qu’il avait été dupé. Deux des autres « victimes » de Borat, des étudiants qui ont tenu des propos insultants à propos des femmes et des minorités alors qu’ils étaient ivres, poursuivent la 20th Century Fox et trois autres sociétés de production. Ils allèguent que l’équipe de production les a entraînés dans un bar pour les inciter à « se dégêner » avant de participer à ce qui était censé être un documentaire pour diffusion à l’extérieur des Etats-Unis. Ils ont signé des décharges après avoir bu plusieurs verres. Selon un porte-parole des studios, la poursuite n’est pas fondée. Dharma Arthur ne trouve pas Borat drôle non plus. L’ex-productrice de télévision soutient qu’on l’a fait marcher, pour l’amener à donner du temps d’antenne à M. Cohen au cours d’une émission matinale à Jackson, au Mississipi. Pendant son apparition en direct, son personnage a affirmé qu’il devait aller « pisse » et a donné l’accolade à un météorologue stupéfait. Depuis, sa vie est sur une pente descendante, affirme Mme Arthur, qui réclame des excuses. Une autre « victime », Kathie Martin, qui dirige une école de bonnes manières à Birmingham, en Alabama, a soutenu qu’il était impossible de savoir que c’était une ruse « pour vous amener à jouer dans une farce d’écolier pour adultes seulement ». « Et même si vous vous en rendez compte, vous avez signé une décharge qui, selon les gens de M. Cohen, signifie que vous avez renoncé à tout droit de les poursuivre. » 


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